LL : Quels sont aujourd’hui les points décisifs sur les questions de recherche et circonstances de causes d’incendies (RCCI) ?

CG : Souvent lorsque l’on parle de la recherche des causes, on pense à la malveillance mais en fait derrière chaque feu, l’origine humaine est démontrée, c’est 90% des feux donc ça peut être une imprudence, des gens qui ne respectent pas des arrêtés préfectoraux, des barbecues dangereux, ou des travaux agricoles. Suite aux fortes chaleurs et aux conditions climatiques, on s’aperçoit que même les exploitants agricoles, bien que ce soit leur gagne-pain, doivent changer leur façon de travailler. C’est un peu notre rôle de faire remonter ces causes de départ de feu afin d’adapter le travail de chacun.

LL : Pouvez-vous nous dire comment votre expertise a performé ?

CG : Je vais prendre l’exemple du département des Bouches-du-Rhône. Je pense qu’on devient un exemple au niveau national, avec cette culture de l’interservices. On travaille avec toutes les entités main dans la main, on échange, on travaille ensemble. On a des réunions hebdomadaires à la préfecture le vendredi. Ce sont tous nos cadres qui y participent. On fait remonter toutes les statistiques de la semaine, toutes les problématiques qu’on rencontre et sous l’égide du préfet, on essaie de trouver des solutions pour pouvoir anticiper et faire de la prévention plus approfondie.

LL : Aujourd’hui, vous investissez quasiment tous les feux ?

CG : Pour le seul département des Bouches-du-Rhône, cette année on était à 2600 feux d’espaces naturels donc tous les feux sont analysés, enregistrés… on essaie soit d’aller aux renseignements par rapport au maillage territorial par le retour de photographie ou de témoignages de collègues pompiers ou forestiers ou l’ONF et on a une base de données qu’on met à jour et après on les classifie. Sur 2100 feux en 2022, on a 450 feux de forêt qui représentent une superficie de 1800 ha. Si on enlève le feu de la Montagnette, dont on connaît l’origine et la cause, on a un chiffre de 300 ha donc on voit que l’interservices et la prévention que l’on met en place et l’attaque de feux naissants dans les Bouches-du-Rhône est relativement efficace.

LL : Pour ce stage RCCI au catalogue de l’ECASC,  l’échanges d’expériences est primordial ?

CG : On essaie d’inviter pas mal de personnes parce que l’échange entre les cellules est important. On découvre chaque année des causes qu’on ne connaissait pas. On a une problématique sur les barrières électriques de moutons, on a eu des départs de feux avec des agriculteurs qui emploient de nouvelles machines qui détruisent les herbes par électrification et qui mettent le feu. On essaie de communiquer entre nous par rapport à ça, on a des collègues d’autres départements qui nous posent des questions. Il y a eu des départs de feux dans le 34, notamment un qui était dû à une dalle de miroir qui était exposé en plein soleil au milieu des herbacées et qui est à l’origine de ce feu.

LL : Selon vous, quel serait le message fort pour la RCCI ?

CG : Je pense qu’on va revenir un peu à l’historique. En 2003, il y a eu des questionnements sur le fait qu’il fallait mettre quelque chose en place. Cela a été fait par les autorités. Quelques années après, on voit que cela prend de l’ampleur. Dans la région méditerranéenne, c’est quelque chose qui est acquis et on a des contacts par des pays étrangers comme la Tunisie, comme d’autres pays, dont, à l’heure actuelle, on ne supposait pas qu’ils allaient avoir des feux de forêts. J’ai eu des contacts par des pompiers du Finistère. Le Tarn est présent et se pose des questions de création de cellules. On est là pour les accompagner et leur expliquer que nous, on est convaincu que c’est une spécialité qui doit perdurer et qui soit présente dans chacun des départements à risque. Et surtout pour que le travail se fasse correctement ce fameux interservices et relationnel entre tous les services. C’est le nerf de la guerre.


Christophe Garcia, Référent RCCI et coordinateur de la cellule SDIS13.

Propos recueillis par Luc Langeron.