Le territoire transfrontalier entre l’Espagne, l’Andorre et la France est caractérisé par un aléa sismique régulier. Le projet européen POCRISC est dédié à la mise en œuvre d’une culture du risque sismique commune à ces 3 pays. Retour sur les exercices grandeur nature qui ont eu lieu en Novembre dernier.

Contrairement aux autres risques, le risque sismique n’est pas prévisible et le massif des Pyrénées possède un historique de séismes important.

Étant donné la rareté des épisodes sismiques ces dernières années, les autorités et la population ne sont pas préparées en cas de séisme majeur. La mission du projet européen POCRISC a donc été de former une culture commune du risque sismique dans la région des Pyrénées. L’objectif était d’améliorer et de capitaliser la connaissance du risque sismique, d’évaluer ce risque et de développer des stratégies de gestion du risque.

L’objectif principal de cet exercice est de tester, dans des conditions réalistes, la capacité des acteurs à pouvoir gérer les effets d’un séisme d’ampleur, en s’appuyant sur les outils et méthodologies développés dans le cadre du projet POCRISC, avec notamment le renfort d’experts andorrans et espagnols.

Cet exercice a débouché sur la fusion de plusieurs exercices envisagés indépendamment (exercice POCRISC, exercice du SDIS-65 « sauvetage-déblaiement » et exercice communal de la commune de Séméac, près de Tarbes) pour composer un exercice composite plus ambitieux mobilisant un nombre accru de participants.

De par sa dimension composite, l’exercice a été multiforme, avec à la fois des actions cadre « sur table » et des actions terrain. Les actions cadre ont été jouées à l’ENIT de Tarbes avec la Préfecture des Hautes-Pyrénées avec la simulation d’un Centre Opération Départemental (COD) déporté. Des actions sur le terrain par les sapeurs-pompiers, les experts de l’association française du génie parasismique (AFPS), du groupe « GIM – Pyrénées » transfrontalier du BCSF et la commune de Séméac se sont déroulées autour de Séméac: diagnostics bâtimentaires d’urgence, reconnaissances macrosismiques, manœuvres de sauvetage-déblaiement, activation du Plan Communal de Sauvegarde (PCS).

1er jour : conférence et débats

L’exercice a été précédé, le 18 novembre 2021, d’une conférence en soirée à destination des élus des Hautes-Pyrénées présidée par la sénatrice Viviane Artigalas, présidente de l’association des maires du département, la commissaire de massif des Pyrénées et du directeur du SDIS-65. Cette soirée a notamment été marqué par le témoignage poignant du Directeur Général des Services de la ville du Teil, en Ardèche, touchée le 11 novembre 2019 par un violent séisme.

Exercices de crise à Tarbes / Séméac

En journée : réalisation de l’exercice cadre à Tarbes

Après le déclenchement du scénario décrivant la survenue d’un important séisme affectant le territoire des Hautes-Pyrénées, les autorités ont réalisé rapidement que les dommages sont importants et que le bilan humain s’annonce lourd. Les importants dommages constatés sur les locaux de la préfecture ont nécessité le déport du centre opérationnel départemental (COD) à l’ENIT.

Les autorités ont dû rapidement faire face à la situation, en tentant de dresser au plus vite une connaissance situationnelle permettant d’anticiper la priorisation d’engagement des moyens et les demandes de renforts. Les opérations de reconnaissances préalables à l’engagement des opérations « USAR » de sauvetage déblaiement ont été également planifiées et mises en place au plus vite. Enfin, les diagnostics bâtimentaires d’urgence ont été mis en place vue de réintégrer ou non les bâtiments endommagés.

Les outils développés dans le cadre du projet POCRISC ont été mis à disposition du COD (estimation rapide des bilans, outil informatique pour piloter et réaliser les audits bâtimentaires – Regardez la vidéo DeveryWare sur cet outil).

L’ensemble de ces opérations se sont appuyés sur un réseau d’experts français, espagnols et andorrans :

  • L’association française du génie parasismique (AFPS), missionnée par la DGSCGC pour la réalisation des diagnostics bâtimentaires d’urgence. Les bénévoles de l’AFPS ont été renforcés par leurs homologues de l’association catalane ACE.
  • Le bureau central sismologique français (BCSF), qui réalise sur le terrain des missions de reconnaissances macrosismiques afin d’évaluer la répartition de la sévérité atteinte par les secousses sismiques. Le BCSF a activé pendant l’exercice sont groupe « GIM » transfrontalier, avec le renfort d’experts espagnols et andorrans.

En soirée (18h -22h) : réalisation de l’opération Sauvetage-Déblaiement et activation du PCS de Séméac

Des unités de sauvetage-déblaiement (USAR) françaises des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, appuyées de renforts andorrans ont réalisé des opérations de recherche, d’extraction des décombres et de secours aux victimes dans un ancien site industriel où l’ensevelissement de plastrons a été simulé. 

La commune de Séméac a quant à elle testé pour la première fois l’activation de son Plan Communal de Sauvegarde (PCS). L’élue en charge de cet exercice interrogée à son issue indique « Ce document PCS demeurait un support de risque aux probabilités aléatoires. S’agissant du risque séisme, il ne faisait pas l’objet d’une attention particulière jusqu’à la mise en œuvre de cet événement en conditions réelles  (…)  Aujourd’hui, grâce à vous et à tous les initiateurs de ce projet, il devient un outil que chacun pourra s’approprier. »

Au total, cette action de préparation à la gestion de crise a mobilisé plus de 200 personnes en provenance de la France, de l’Espagne et de l’Andorre (près de cent personnes pour l’exercice cadre, une cinquantaine pour la commune de Séméac et une centaine de pompiers pour le sauvetage –déblaiement). Cet exercice de crise montre l’intérêt d’un tel dispositif transfrontalier.

Site internet officiel du projet : pocrisc.eu/fr