Au Centre National de Plongée, la période de confinement a été l’occasion de travailler sur la FOAD et sur les mesures de sécurité à mettre en place pour la reprises des activités pédagogiques dans le domaine du nautique. Entretien avec Jean-Jacques GRENAUD, chef du CNP, sur le travail effectué ces dernières semaines et sur la reprise des activités dès le Lundi 18 Mai.

Propos recueillis par Luc LANGERON

Jean-Jacques GRENAUD vous avez mis à profit cette période de confinement pour travailler la FOAD (Formation à distance), comme vos collègues de Valabre. Etes-vous prêt à intégrer ces nouvelles pratiques dans la formation de vos disciplines ?

Nous étions passés à un enseignement d’approche par compétences, déjà depuis quelque temps, et il est vrai que dans la continuité de cet enseignement, il était nécessaire d’intégrer également la FOAD, c’est-à-dire un travail d’apprentissage de l’apprenant à distance avant de venir en formation. Ceci a représenté un énorme travail dans l’ensemble des disciplines du nautique, qui sont de l’ordre d’une douzaine de contenus et de niveaux de formation. L’ensemble de l’équipe du CNP élargit à quelques experts qui travaillent régulièrement avec nous, du SDIS 34, SDIS 58 et SDIS 06. Donc nous avons réussi à travailler dans de très bonnes conditions, avec l’usage numérique, les visio-conférences, avec des outils de pointe et nous avons réussi à finaliser la FOAD, qui sera donc en œuvre dès le 1er septembre.

Chaque stagiaire va recevoir une convocation pour se connecter et aura un parcours de formation en amont de sa formation, de la FOAD, avec à la clé une évaluation qui permettra une très bonne préparation et de gagner du temps sur nos formations puisque les durées de formation restent les mêmes mais la mise en place des mises en situation professionnelles et des ateliers pédagogiques personnalisés sont très chronovores, et de fait, il nous faut aussi gagner su temps en terme de connaissance.

Confinement signifie aussi préparation au déconfinement. Qu’en est-il aujourd’hui et pourrez-vous accueillir vos prochaines stagiaires, dès la fin mai ?

Oui, nous reprenons l’activité le lundi 18 mai, une activité progressive, avec des petits groupes et peu nombreux. Ce sera deux groupes la première semaine, deux, trois groupes la semaine suivante et on montera en puissance progressivement, lorsqu’on aura bien testé nos mesures ou, si nécessaire, de les réajuster.

Il y a un enjeu très fort au niveau de la spécialité nautique parce que l’ensemble des entraînements et des formations de maintien des acquis ont été suspendus depuis le 17 mars, et pour autant les équipes nautiques des départements français ont continué d’assurer l’opérationnel, même s’il a énormément diminué. Là, ça redémarre, on commence à avoir une activité opérationnelle qui reprend.

Y a-t-il des enjeux de santé pour ceux qui ont été touchés de près ou de loin par le COVID ?

Il y a des enjeux parce qu’il faut reprendre, il faut que nos personnels puissent avoir de l’entrainement pour intervenir et cette spécialité particulièrement, la plongée, nous pose des contraintes supplémentaires liées au COVID 19, puisque les personnels qui auraient été atteints du COVID 19 ou avec des symptômes, peuvent avoir des lésions pulmonaires qui, tant qu’elles ne sont pas cicatrisées, si on replonge, le risque, c’est une embolie pulmonaire.

Donc, il y a une démarche qui a été mise en place par la Direction Générale de la Sécurité Civile via un comité d’experts de médecins, de manière à définir une procédure : c’est de détecter les personnels qui ont été atteints par le COVID 19, d’une manière ou d’une autre, la note permettra de définir les différents cas de figure et néanmoins au travers d’un auto-questionnaire, ceux qui n’auront pas du tout été atteints pourront reprendre l’activité tout de suite.

Donc ça, c’est en cours, et sur le Centre national de plongée, nous sommes obligés de prendre des mesures bien spécifiques, sans oublier les mesures courantes, que tout le monde connaît : masque, distanciation, gel… ce qui est vrai dans tous les milieux. La particularité du Centre national de Plongée, c’est en lien avec notre activité. C’est à-dire les bateaux, pas plus de dix stagiaires par bateau, la distanciation sur les bateaux, les zones de douches, pas plus de trois personnes dans des douches collectives de grand volume, avec désinfection systématique après chaque douche, deux fois par jour, c’est la même chose sur la partie gonflage des blocs de plongée au niveau de la zone de compresseurs, accès très restreint, désinfection systématique, et après sur l’activité proprement dite, suppression des échanges d’embouts, suppression des prêts ou échanges de matériels et suppression de la décompression d’oxygène parce qu’on utilise des lignes à palier collectives, donc tout ça est supprimé et également des exercices, une pédagogie réadaptés par rapport à ça, avec debriefings le plus possible, en extérieur, sur le quai et non pas sur le bateau.

On avait l’habitude faire les debriefings sur le bateau, là ils auront lieu au retour à quai, pour pouvoir avoir une bonne distanciation. Donc voilà tout cet ensemble de mesures, qui sont nécessaires, et toute l’équipe du CNP vient de passer la semaine à préparer ces procédures, à faire de l’affichage, à mettre les produits en place, et de manière à être capable de mettre en œuvre tous ces circuits pour que, dès lundi, cela se passe du mieux possible.

On peut donc rassurer tous les futurs stagiaires de la parfaite concordance et cohérence des dispositifs COVID 19.

Oui, tout a été étudié dans le détail et on s’est même adjoint, bien évidemment de notre médecin référent du CNP, le Commandant Mathieu COULANGES, qui a participé avec nous sur le protocole COVID 19, spécifique au Centre de plongée.